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2013, l’année des pranariens

La chaine TV dédiée master Ching Hai, la grande patronne des végétariens, a une série d'émissions passionnante sur les respiriens, visible sur youtube.
On y retrouve Henri Monfort, Isabelle Hercelin, Jericho Sunfire, et la pionnière Jasmuheen. Magnifiques interviews de ces quatre personnes. Enjoy!
Il y quatre volets pour chaque personne, voici le premier volet de chacune, retrouvez les volets suivants sur youtube.
L’intro est toujours la même, vous pouvez la sauter, elle dure quatre minutes…
Monfort:    http://www.youtube.com/watch?v=Th2-h0QmSaA
Hercelin;   http://www.youtube.com/watch?v=nZhFikEqiRc 
Sunfire:     http://www.youtube.com/watch?v=yV0PqghGCrY 

Toujours plus loin avec le respirianisme, et encore plus fascinant, un couple d'artistes de l'Equateur, tous les deux respiriens et elle enceinte! ça commence à la neuvième minute de la vdo.
Akahi évoque l'importance de pratiquer la respiration consciente le plus possible et à la minute 14 il parle superbement du gap de la respiration... A ne pas manquer!  Premier volet:http://www.youtube.com/watch?v=ZYHsQ4xcVHo
Par définition, un respirien est amené à observer régulièrement sa respiration, idéalement tout le temps.
Pour lui respiration consciente équivaut à nourriture consciente, et donc à une meilleure absorption du prana. C'est donc aussi ce même respirien qui va avoir l'occasion d'observer mieux que personne la pause qui précède chaque respiration, et de découvrir toutes les merveilles qu'elle recèle. Pourquoi? Parce que son métabolisme est idéalement ralenti. Chez ceux qui enfournent trois repas par jour, la pause est très brève, parfois inexistante.
Tout voyage, si long soit-il, commence immanquablement par un simple premier pas que je vous enjoins à franchir. Un seul pas de fait et déjà on se sent tellement mieux que d'autres pas vont suivre naturellement...
Diminuez la fréquence de vos repas, sacrifiez soit le petit déjeuner, c'est le plus facile, soit le diner. N'en gardez que deux. Jeûnez 16 heures et mangez deux repas sur huit heures. Pendant 16 heures, rien d'autre que de l'eau, pas même un jus de fruit ou un café, sinon ce n'est plus un jeûne.
Des sites internet vous inspireront dans cette voie: 
Il n'y a pas de chemin vers le bonheur.
Le chemin EST le bonheur.
Je rajoute aussi le site d’un grand classique, en Inde,  prahlad jani est pranarien depuis 70 ans
http://www.youtube.com/watch?v=6XYd4YWd5Aw

Je continue mon exploration de cette magnifique émission sur les respiriens, la plus belle émission que j'ai jamais eu la chance d'admirer.
Reine Claire Lussier, est canadienne et parle superbement de son  expérience, l'intro habituelle, mais en français du Québec vaut d'être écoutée.
Le deuxième volet est le plus beau des quatre:
http://www.youtube.com/watch?v=4UvK2w_Z8YU 
Question: comment vous avez pu vaincre vos codes de survie, comment vous avez pu les détourner?
Reine Claire: C'est en regardant le monstre les yeux dans les yeux qu'on arrive à vaincre nos codes de survie.
Le parcourt très original de l'Allemand Dirk Schroder a commencé chez les amérindiens:
http://www.youtube.com/watch?v=pRq2yTsqkTY
Quant à la nonne chinoise, Shi Hongqing, bouddhiste mahayana comme moi, elle jeûnait tout naturellement dès l'âge de quatre ans...et vit de prana depuis vingt ans!
Son site   http://www.youtube.com/watch?v=Muhm-ONi9PQ 
 


Thailande, novembre 2012

Voici un nouveau bulletin du blog woup wap : plus qu’un an et des poussières avant la retraite 2014, si je suis encore en vie d’ici là…
En attendant, que ces lignes et puis aussi cette superbe vidéo suggérée en fin de page vous motivent à tenter d’y participer…
Bien à vous tous.
En 2011, j’ai perdu mes deux pères, mon père de par le corps et mon père de par l’esprit.
Luang Ta Maha Bua, moine thaïlandais de renom, est décédé à 97 ans et j’aurais maintes occasions de revenir sur son enseignement. Dernièrement encore, il annonçait sans ambages :
« L’esprit ne meurt jamais ! Mais ce sont les désirs triviaux et autres négativités qui le forcent et l’entrainent à renaitre et mourir et renaitre encore indéfiniment. Je vous l’annonce, par la seule force de ma méditation, j’ai décrassé l’esprit de tous ses excréments. Ce corps qui se tient là devant vous est bel et bien mon dernier. Lorsqu’il aura péri, je n’aurais pu a renaitre… »
Quelques semaines plus tard,  j’ai appris que mon père était très malade et je suis rentré en France aussi vite que j’ai pu.
Je savais que ce deuxième lundi d’octobre, il avait rendez-vous dans une clinique de Nantes et qu’il saurait définitivement s’il devait ou non suivre un traitement de chimiothérapie.
Alors j’ai décidé, sans le lui dire, d’être à tout prix là, quand il rentrerait chez lui, à Saint Hilaire de Riez,  pour le soutenir dans ce moment difficile.
Philippe, mon ami de toujours, avait fait le voyage de Clermont Ferrand pour m’aider à mettre sur pieds cet accueil-surprise que je voulais vraiment spécial. Il m’a emmené à Saint Hilaire avec tout un chargement, afin que je ne manque de rien et puisse faire le maximum pour aider Papa.
Nous sommes arrivés chez lui deux heures avant son retour et après avoir déchargé, nous avons collé une photo géante sur une grande plaque de polyester: un montage-photo composé de son fils, méditant au milieu d’une cascade en pleine forêt tropicale, de lui-même, émergeant des eaux, accoudé sur son éternelle bêche de jardinier, et de maman, au milieu des feuillages de la forêt recevant un cadeau des mains du dirigeant de la troupe thaïlandaise, à l’occasion d’une mémorable performance au festival mondial de la marionnette à Charleville.
Au bas de la photo, un texte: "With a quiet mind, we contemplate the rise and fall, rise and fall, rise and fall. The rise and fall of the breath, the rise and fall of the day, the rise and fall of the life...”
Et puis, Philippe est parti (quelle générosité!), et je me suis mis à aussitôt à préparer le repas. A mi-ouvrage j’ai vite installé un épouvantail sur une chaise devant la maison. Je lui ai mis ma paire de lunettes de rechange sur le nez et mon casque de vélo sur la tête, et je lui ai accroché une pancarte au cou qui lisait: See you now! (une allusion au “see you later” que je lançais quand je partais faire un tour en vélo, lors de mes trop rares séjours en cette demeure), tout ça pour ne pas surprendre mon père outre mesure, au cas où le taxi arriverait de Nantes sans que je l’entende,  et je suis retourné à mes fourneaux…
Un bruit de voiture qui s’arrête m’a interrompu et je suis sorti accueillir mon malade. Je l’ai aidé  à descendre, il tenait dans ses mains un dossier et en le montrant il a dit: “c’est pas brillant!”
Le taxi est parti et nous avons marché. Il s’est arrêté devant l’épouvantail et pendant quelques secondes, il a visiblement oublié son calvaire,  souriant et même allant jusqu’à rire de bon cœur.
Le second moment de grâce a été la découverte de la photo géante dans la salle à manger. Quelques jours plus tard il écrirait la traduction du texte originale sans se douter que ce seraient ses dernières lignes :
« Fort d'un esprit tranquillisé, nous contemplons le mouvement ascendant puis descendant de la respiration, le mouvement ascendant puis descendant de l’astre solaire, le mouvement ascendant puis descendant de la vie… »
Et puis nous avons diné en bons copains. Il a gouté à tout. Les noix macadamia, l’avocado, l’aubergine cuite à la vapeur.
Je n’en revenais pas : l’épouvantail, la photo géante, le repas « santé », tout avait marché impeccablement et je me demandais déjà de quel stratagème j’allais pouvoir user pour empêcher le café du matin… Cacher la cafetière ?
Mais le lendemain eut une toute autre tonalité. La cafetière fut en marche de bonne heure… point à la ligne.
Il y eût quand même deux autres moments de grâce avec la visite de son frère ainé qui en nous quittant lui a lancé un impératif « veut, veut, veut, veut, veut, veut, veut, veut ! », et un repas à trois, avec maman, comme dans le bon vieux temps.
Maintenant qu’il n’est plus là, je savoure l’effet à longue portée que cette photo géante a pu provoquer : à chaque fois que je me concentre sur ma respiration en notant mentalement ce mouvement universel de tout ce qui attrait à la vie, « rise » puis « fall », « rise, fall », « rise, fall »… il y a un quelque chose qui est automatiquement destiné à ce passage terrestre que mon père a accompli… j’irais même jusqu’à dire : qui LUI est destiné directement.
Et si pour des raisons stupides (elles sont toujours stupides) un long moment s’écoule sans que j’ai pu méditer sur ma respiration, je regrette d’avoir rompu momentanément ce lien étrange, et en retour, je sens s’épanouir en moi une force inexorable qui gagne toujours plus d’allant et qui fera que bientôt, et le plus tôt sera le mieux, je ne la lâcherai plus d’une semelle, cette sacrée respiration, jusqu’à ce qu’elle m’emmène jusqu’au port final que j’ai juré d’atteindre…
 Rise-fall, rise-fall, rise-fall, ou si vous préférez en français lève –baisse, lève-baisse, lève-baisse…
« continuity of practice is the secret of success », « la continuité dans la pratique est le secret de la réussite »…
Même en médecine on le constate, observer la respiration provoque une augmentation de la conductance cutanée, autrement dit la peau devient aussitôt un meilleur conducteur de l’électricité…
Et à Boston, des scanners de type IRM pratiqués sur le cerveau ont montré que celui-ci se muscle  si on médite régulièrement sur la respiration. Trente à quarante minutes de méditation quotidienne suffisent à augmenter certaines parties de la couche du cortex  supérieur de un à deux dixième de millimètres ! Pas besoin d’être moine, c’est accessible à tous…

Une émission de la bbc, « alternative therapies », ayant fait une enquête sur les bienfaits de la méditation, voici entre autres ce qu’il en est revenu.
A l’hôpital de Boston, le docteur Lizard a procédé à des examens de type scanner IRM sur les cerveaux des membres de deux groupes de volontaires, l’un composé de personnes méditant 30 à 40 minutes par jour et l’autre de personnes n’ayant jamais médité. Suivent la traduction puis le texte original de la vidéo :
Les examens ont porté surtout sur la couche la plus externe du cerveau, le cortex supérieur, siège principal des émotions et de la pensée.
Docteur Lizard a découvert que certaines parties du cortex des cerveaux des méditants présentaient des structures différentes.
Elles sont d’un à deux dixièmes de millimètres plus épaisses que chez les cerveaux des non-méditants.
L’une de ces parties est l’insula, une aire cervicale où sont traitées les émotions… elle déclenche les sensations de la faim et de la soif, soutient la faculté de l’attention et nous fait ressentir la colère, le dégoût et le plaisir.
Plus on médite, plus la taille de cet organe augmente…Chaque minute de méditation additionnée compte.
Texte original de la vidéo (à 2mn du début)
In particular, she focused on the outer layer of the brain, the cortex, where most of the processing of thoughts and emotions takes place.
She was looking for any structure differences between the two groups…
What doctor Lizard discovered, was that certain parts of the cortex in the brains of the meditators were structurally different than (to?) the brains of those who had never meditated…
We’re finding 0.1 to 0.2 mm difference between the two groups.
That’s pretty significant!
One of the area that was different was the insula, which processes emotions… It’s involved in awareness and in triggering sensations such as hunger and thirst, and also your emotions, anger disgust and happiness.
It said: the longer the subject had been meditating the thicker this part of the brain was…
That would suggest that the more you sit the thicker it gets and that, basically, every minute of meditation count…
supplément:
 Par sa position, l’insula est idéalement située pour recevoir un certain nombre d’informations relatives à l’état du corps. Elle intervient à plusieurs niveaux : 
  • la conscience intéroceptive, c’est-à-dire la perception de certains événements internes (la mesure de son propre rythme cardiaque par exemple, ou la douleur) ;
  • la motricité de certains organes (yeux, mains, articulation du langage…) ;
  • le maintien de l’homéostasie (régulation des systèmes nerveux sympathique et parasympathique par exemple) ;
  • le contrôle de certaines émotions (la peur, la colère, la joie, la tristesse) ;
  • la conscience du soi.
regardez:  http://www.youtube.com/watch?v=5rYH03-i4wQ





Thailande, octobre 2012


Chers tous,

J’avais imaginé conclure ma longue retraite de cette année par des améliorations importante du blog « meditation woup wap », mais la tablette samsung que je viens d’acquérir m'a joué un vilain tour en ajoutant discrètement un souffle de fond désagréable à chaque fois que je prononce un mot, et je dois refaire tous les clips vidéo…quand on aura bien voulu remplacer la machine, ce que samsung m’a enfin promis de faire dans les prochains jours. (les techniciens n’ont pas confirmé le défaut au quart de tour, loin s’en faut)
Il m’arrive régulièrement de ruminer sur cette perte de temps énorme. J’ai tellement conscience que la mort s’approche à grands pas que je supporte mal ce genre d’inattendu.
Mais voilà quand même une superbe nouvelle à annoncer, la traduction en français d’un livre très inhabituel sur la méditation. Le travail n’étant pas encore achevé, l’accès internet n’est pas évident, mais je me charge d’en ajouter régulièrement des passages importants sur le blog.
L’auteur, Daniel Ingram, est un champion du noting, la fameuse pratique birmane. Il pousse cette technique à son extrême, ce qui n’est pas évident à suivre, mais j’admets que ce qu’il dit m’a beaucoup aidé dans ma progression et que ça explique très bien la tournure que prend mon blog.
Son livre « mastering the core teachings of the Buddha » est lisible gratuitement sur internet.  Il a aussi démarré un forum qui est une mine d’informations sur la méditation. Les as de la méditation américains s’y ébattent et débattent joyeusement. L’accès à ce forum par la page home n’étant pas toujours évident, mieux vaut placer une phrase d’une des discussions sur Google entre guillemets, puis naviguer sur les autres pages à volonté, à partir des catégories affichées en haut.  Voici une phrase choisie :   "use the tool of noting to supercharge"
Daniel Ingram annonce sans ambages qu’il est un arahant (ça s’écrit aussi arahat), c'est-à-dire qu’il a atteint le stade final de l’illumination spirituelle. En tous cas, les descriptions de son expérience témoignent d’un parcours impressionnant.  (les quatre stades sont : « stream entry », l’entrée dans le courant, qui est donc la première immersion dans le nirvana, puis sakadagami, puis anagami et enfin arahant.)
Voici un premier exrait de son livre, traduit à 70% ce jour en français :
L’Impermanence
Toute chose est impermanente.
« Tous les phénomènes sont impermanents ! Travaillez à votre salut avec assiduité ! ». Ce sont là les dernières paroles de Gautama, le Bouddha,  et elles résument  tout ce qu’il y a à savoir sur la pratique de la perception pénétrante. Les choses vont et viennent. Rien ne dure ne serait-ce qu’un instant ! La réalité telle qu’on l’expérimente est totalement  transitoire.
 On peut considérer la réalité de multiples manières. Mais lorsqu’on pratique la perception  pénétrante, on la considère seulement sous l’angle de tout ce que l’on  perçoit. Habituellement on part du principe que les choses sont toujours là, même quand on ne les perçoit plus. Leur apparente continuité nous permet de vivre dans un environnement immédiat à peu près prévisible et rassurant. Dans la
vie de tous les jours cette hypothèse est plutôt pratique.
Mais lorsque l’on pratique la perception pénétrante, seules les sensations dont on fait l’expérience existent. A bien y regarder, d’un point de vue sensoriel, l’immense majorité de ce que vous croyiez faire partie de votre univers n’existe pas la plupart du temps. Percevoir cela directement mène à la libération.

Il est toujours sage de réfléchir sur la mort, c’est utile et porteur de vérité.
Mais il est largement préférable d’observer chaque sensation qui apparait puis disparait à tout instant. Qu’est-ce que j’entends par là ? Que tout ce que l’on perçoit apparaît, sortant de nulle part, puis disparaît entièrement, dans une succession incessante et effrénée.
« C’est du blablabla de  physique moderne ça ! » me direz-vous. « Qu’est-ce que ça a à voir avec la méditation » ?
Ça a tout à voir avec la méditation ! On peut en faire l’expérience. On peut parvenir à percevoir les vibrations de tout ce qu’on perçoit
 Oui, les vibrations. C’est là la vraie signification de l’impermanence : la réalité vibre, pulse, elle apparaît sous forme de particules discrètes, comme les parasites sur l’écran  d’une télé hors-chaine, comme les images d’un film, comme une fontaine de pétales de fleurs évanescents, peu importe l’image que vous utilisiez.

Arrivés là, certains se mettraient volontiers à parler de dualité onde-particule, etc. Pas la peine. Contentez-vous simplement d’observer un phénomène corporel de votre choix, quelque-chose d’agréable et de simple comme par exemple les mouvements engendrés par votre respiration, les sensations perceptibles aux bouts de vos doigts ou le passage de l’air au niveau des narines. Essayez, à tout instant, de percevoir quand les sensations physiques sont réellement là et quand elles ne le sont pas. Il vous apparaîtra alors qu’elles sont là très brièvement et qu’elles ne sont pas là une bonne partie du temps. Tout change à toute allure.

Une autre notion erronée dans notre manière de percevoir la réalité : on manque particulièrement  de rigueur lorsqu’il s’agit de faire la part des choses entre ce que l’on perçoit physiquement et ce que l’on perçoit mentalement. (pensées, souvenirs, et surtout les représentations mentales qui ont lieu à chaque fois que l’un de nos cinq sens est sollicité).  En fait, on passe de l’un à l’autre, du physique au mental, de manière alternée et très rapide, dans un mouvement continuel d’oscillation et d’interaction.
Tout va très vite bien sûr, mais il est possible de le percevoir directement. En effet, en s’entrainant d’abord avec application à bien percevoir toutes les sensations  qui apparaissent puis disparaissent au niveau physique, on sera à-même, dans un second temps, de distinguer leur contrepartie mentale,  si difficile à discerner mais pourtant responsable de l’illusion de continuité : les impressions mentales.

Les sensations physiques englobent les sollicitations et contacts qui ont lieu au niveau de nos cinq sens : la vue, l’audition, l’odorat, le goût et le touché.
En observant avec grande précision la manifestation passagère d’une de ces sensations physiques, on va faire l’expérience d’une autre pulsation de la réalité : l’appréhension mentale de cette sensation physique, qu’on appellera ici « la conscience » (à ne pas confondre avec la « connaissance » dont nous parlerons dans la Partie III). C’est la façon dont l’esprit opère sur des phénomènes qui ne sont plus là, et c'est valable aussi pour les pensées, les intentions, les souvenirs et les images mentales : la conscience est éternellement et immanquablement  en retard !

Cette impression mentale d’une sensation qui l’a précédée (appelée « conscience » en milieu bouddhiste) est comme un écho, une résonance. L’esprit génère une impression grossière de l’objet, puis il se peut qu’il y ait une pensée ou une image mentale qui apparaisse et disparaisse, et ensuite, une autre pulsation physique.
Chacun de ces phénomènes apparaît et disparaît ainsi complètement, suivi aussitôt par un autre, et il est donc tout à fait possible de percevoir cette succession à condition que l’esprit soit stable et dédié à une précision constante, et surtout qu’il ne soit pas perdu dans ses petites histoires.
Cela signifie qu’au moment où vous avez conscience de faire l’expérience de quelque-chose, vous savez que ce n’est déjà plus là, et que quoi que ce soit qui a pris sa place
 n’est qu’une nouvelle sensation qui aura disparu dans un centième de seconde.

Bien sûr, tout va très vite quand il est question des impressions qui mitraillent notre cerveau à tout instant, mais en faisant des choix comme on l’a expliqué, notre pratique va nous permettre d’appréhender la réalité d’une manière suffisamment proche pour s’avérer être un excellent modèle de travail.
Assimilez bien donc tout ce qui vient d’être énoncé, car c’est là la base incontournable de cette méditation excellente qui a pour cadre la perception pénétrante.

Maintenant que vous savez, dans le cadre de cette pratique,  que toute impression sensorielle vibre, pulse puis disparait et est suivie immédiatement d’une impression mentale, vous n’avez pas à aller chercher plus loin. Tout est là, et s’il vous est difficile, dans un premier temps, d’en faire l’expérience, stabilisez encore plus votre esprit afin de percevoir de plus en plus clairement, exactement quand et où se manifestent les sensations physiques. Passez-y du temps, soyez patients et persévérants. Gardez à l’esprit que le but ultime de la pratique consiste à faire l’expérience directe de l’impermanence, que tout vibre et pulse, et que ce soit ceci ou cela n’a en fait aucune importance.
Quelle libération ! Dans ce cadre de la vraie pratique, toute forme d’interprétation est vaine, inutile de vous y adonner quand vous vous asseyez pour méditer. A la lecture de ce livre, vous êtes bien sûr invités à réfléchir sur les enseignements et comment ils peuvent influencer  positivement notre vie quotidienne, mais abstenez-vous lorsque vous êtes assis pour méditer. Les pensées ont tôt fait de nous séduire et de nous faire trébucher, même si on est un méditant avancé, alors qu’en fait, si leur contenu nous laisse froid, le flot d’impressions évanescentes qu’elles constituent est un objet de méditation précieux, au même titre que les autres impressions sensorielles. Bref, essayez de vous limiter à quelques minutes de réflexion par heure de méditation si besoin. Cela devrait plus que suffire et gardez à l’esprit qu’il n’y a tout simplement pas de substitut quand on veut préserver l’allant l’élan de la pratique.

A quelle vitesse les choses vibrent ? Combien de sensations appréhensibles apparaissent et disparaissent chaque seconde ? C’est exactement ce que vous cherchez à percevoir et quelques  instructions bien choisies vont peut-être vous convaincre que c’est à votre portée sinon même servir d’indicateurs précieux.
 Assumez dans un premier temps, qu’en termes de chiffres, on place la barre à une sensation par seconde et qu’on progresse jusqu’à dix sensations par secondes.
Ça vous parait trop ? Pourtant, si vous tentez de taper sur quelque chose cinq à dix fois par seconde, dussiez vous y mettre les deux mains, ça n’est manifestement pas insurmontable. Peut-on en faire autant s’il s’agit de percevoir des impressions sensorielles ? C’est bien là que réside tout le défit de la pratique.

Le rythme auquel on perçoit les impressions sensorielles est variable, et lorsque dans un second temps ces impressions se décomposent en vibrations, on peut atteindre des fréquences de l’ordre de 40 hertz (quarante vibrations par seconde). Mais au début, pouvoir percevoir de une jusqu’à dix impressions sensorielles par seconde est un chiffre raisonnable et atteignable. Le tout, c’est de s’y mettre et de chopper le coup !

Pour vous aider dans votre pratique, concevoir cela comme une douche de goutte de pluie, ou une peinture de pointilliste en mouvement, ou les parasites d’un  écran de télé hors programme pourrait s’avérer très utile.

Cette réalité où nous évoluons est bien évidemment riche et complexe, et le taux de fréquence que nous examinons peut s’avérer parfois chaotique, mais en fait il est beaucoup plus stable qu’on pourrait le penser. Ceci dit, il n’y a pas de fréquence magique et il faut savoir accepter, observer et même chiffrer tel qu’il est, le taux fréquence de ce qui se présente à nos sens à tout instant.
S’il arrive que des impressions sensorielles  vous semblent solides, observez cette solidité patiemment mais sans crispation,  et peut être elle va se désintégrer en multiples vibrations.

Attention, le taux de fréquence d’une impression sensorielle peut subir des variations et savoir les reconnaitre et les suivre est un excellent booster de la perception pénétrante.
Il est aussi très recommandé à ceux qui choisissent la respiration comme objet de méditation de bien observer si la fréquence des vibrations reste stable ou si elle varie pendant chacune des phases, l’inspire, l’expire et la pause (ou les deux pauses). . N’assumez jamais que ce que vous venez de réaliser est la réponse finale ! Demeurez alerte et persévérant! Explorez avec attention et précision, avec ouverture et acceptation ! C’est la clé de la réussite.

Une dernière chose au sujet des impressions sensorielles et des vibrations qui les composent: apprendre à les percevoir en profondeur avec une attention soutenue peut rappeler  l’attitude d’esprit qui caractérise un excellent surfeur ou un joueur de tennis. 
Comme un de mes amis le soulignait avec humour et enthousiasme : « on est là pour chopper des vibrations ! »    Pour réussir dans ce domaine de  la méditation, il faut savoir maintenir un esprit joueur. On ne sait jamais comment va déferler la vague qui se pointe, ou comment la prochaine balle va nous arriver…

Enfin, je recommande fortement ce taux de fréquence de un à dix parce que c’est la condition sine qua none de briser cette illusion de solidité et de continuité qui nous leurre  et  nous barre la route de  l’éveil spirituel, et aussi parce que c’est stimulant et engageant et qu’il vaut bien mieux s'adonner à ça plutôt que de penser à des tonnes de choses sans importances.

Notre esprit a  le pouvoir de percevoir des choses extrêmement vite, et nous l’utilisons à tout moment pour faire toute sorte de choses très élaborées, comme par exemple lire ces lignes. En ce moment même, vous lisez manifestement  plusieurs mots par seconde. Si vous pouvez faire ça, vous pouvez sans aucun doute pratiquer aussi la  perception pénétrante.
                    
Donc, si vous percevez une sensation par seconde, essayez d’en percevoir deux. Si vous percevez 2 sensations uniques par seconde, essayez d’en percevoir quatre. Continuez  ainsi à augmenter votre seuil de perception de cette façon jusqu’à ce que l’illusion de continuité qui vous lie à la roue des naissances et des morts innombrables (le samsara)   se brise.
Lorsque vous pratiquez la perception pénétrante, travaillez constamment à percevoir les sensations qui apparaissent et disparaissent aussi rapidement et précisément que vous le pouvez.
Avec l’esprit d’un pilote de voiture de course qui est constamment conscient de la vitesse à laquelle sa voiture peut aller tout en la maintenant sur la piste du circuit, vous êtes fortement aviser à évoluer, sans jamais tomber,  sur cette corde raide que constitue votre habilité à percevoir l’impermanence, dans un premier temps des impressions sensorielles, puis dans un second temps, des vibrations qui les constituent,  de façon rapide et précise…

fin de l'extrait




Thailande, juin 2012

Chers tous,
    Une récente retraite très intense en Thaïlande ajoutée à quelques rencontres très positives avec certains amis lors de cette visite 2012 me poussent à former ce groupe-courriel à qui je tenterai de d'envoyer "the best of the best" de tout ce que j'ai pu glaner, expérimenter et réaliser sur le sentier de la libération de l’esprit.
J’envisage d’organiser une première retraite de méditation en France. Elle aura lieu, si Dieu me prête vie jusque là, fin mai ou en juin 2014. Le gite du Pont de Diet, à Mervent, Vendée, pourrait être le lieu idéal. Elle durera trois jours pleins, plus un jour pour l’arrivée et un jour de clôture.
 Ceux qui y participeront auront l’opportunité de pratiquer intensément les exercices proposés dans le blog « rainbowmeditation.blogspot.com »
Attention, pour ceux qui ont déjà fait du chikong avec moi,  il y a une page chikong dans ce blog avec les quatre mouvements les plus élémentaires.
Merci de consulter ce blog et si certains d’entre vont jusqu’à mettre la main à  la  pâte, merci de répondre aux questions qui suivent.
A la lecture de ce blog, êtes-vous à même de comprendre les exercices ?
Avez-vous essayé d’en pratiquer certains ? Si oui lesquels ?
Y a-t-il des explications qui manquent de clarté ?
Avez-vous des suggestions pour améliorer ce blog ?
A bientôt de vous  lire…

En attendant voici une belle histoire que je viens juste de vivre :
Avril 2012, retour de France, dans l’avion de la Thai Airways, magazines et journaux à profusion nous attendent. Comme d’habitude, j’opte pour l’hebdomadaire « time », et tombe sur l’article incontournable : « the rudest people in the world ». Une question a été posée un peu partout autour du globe : « dans quel pays les manières des gens vous sont elles apparues les  plus rudes ? »
Cocorico !  Enfin un domaine où nous arrivons confortablement en tête.
Alors, je revis aussitôt la cacophonie invraisemblable du débat télévisé, la veille, pour les présidentielles.
Et puis en un instant fulgurant, je refais le parcours de ces trente ans de ma vie : ma décision d’aller voir ailleurs si l’art de blesser avec les mots est partout aussi raffiné… ce long voyage, toujours plus à l’est, et mes débuts en Thaïlande, le pays du sourire, le pays anti stress par excellence.
Le lendemain, arrivé dans mon chef lieu de canton situé dans le sud de la Thailande, je préviens les gens de mon village de mon arrivée. Pourtant ce soir là, je vais attendre en vain qu’une voiture vienne me chercher. Au village, Dao, 22 ans, une des petites filles de feu Ta Di-i, « le Bon Grand Père », vient d’être victime d’une crise cardiaque. Son cœur s’est emballé et elle s’est évanouie. J’avais ramené à la vie, il y a une dizaine d’années, le Bon Grand Père alors qu’il était sur son lit de mort, au point qu’à 88 ans il se mette tout à coup au yoga et à la méditation. Voilà que le sort de sa petite fille va tomber entre mes mains. Les examens à l’hôpital ne donnent rien. Et comme elle n’arrive plus à dormir chez elle, on lui prescrit des somnifères qui lui font tourner la tête. Pourtant elle parvient facilement à dormir ailleurs… Quelques jours plus tard, sa mère me reparle de ce qui s’est passé il y a huit ans chez eux. Des bandits ont fait intrusion alors qu’elle était seule avec Dao, les ont menacées de viol, ont pris l’argent qu’il y avait et se sont enfui. Le soir même, en ma présence, Dao est prise de convulsions, elle pleure et il faut de nouveau l’emmener ailleurs. Je lui promets que tout ça va s’arranger,  mais que j’attends d’elle beaucoup de courage.
Alors des jours extraordinaires vont suivre. Dao a hérité de la trempe de son grand père. Je viens de juste d’obtenir mon permis de conduire thaï et je ne m’attendais pas devoir m’en servir aussi vite et aussi intensément. Je la conduis dans mes endroits préférés, je l’enivre de nature et elle s’émerveille, je fais le clown et elle rit, je la fais marcher vite, et puis je lui apprends à méditer. Dès le premier jour, elle maintient sa posture en parfait lotus, sans bouger pendant une heure. Le lendemain elle passe à deux heures. Trois jours après elle a assimilé tous les exercices. Je ne m’étonne plus qu’elle soit la première de sa promotion à l’université. Elle assimile aussi très vite les mouvements de chikong que nous pratiquons tous les matins.  Le quatrième jour, comme d’habitude,  je suis près d’elle pour la soutenir lorsque les douleurs la gagnent. Mais cette fois-ci, le combat s’annonce très difficile. Elle se tord dans tous les sens et des larmes roulent sur ses joues, et à une heure quarante, elle doit abandonner. Elle raconte alors qu’à environ vingt minutes, elle a eu la vision un bref instant d’une grande lumière et puis son cœur s’est mis à palpiter comme lorsqu’elle fait une crise. Mais elle ne s’est pas affolée, car je lui ai déjà traduit des passages de mon livre préféré, « la thérapie du dharma » (voir la page des textes fondamentaux). Nous avons étudié deux cas d’hypertension et de maladie de cœur et elle sait que  la méditation peut et doit réveiller ces symptômes  si on  veut espérer une guérison. Mais après une heure les souffrances se sont réveillées d’une manière très inhabituelle. Jamais jusqu’ici elle n’avait eu de douleurs dans la cuisse droite, et cette fois cette fois ci, c’était comme si son  fémur droit voulait se briser. (Exactement la même posture et pourtant des douleurs qui se déclarent d’une tout autre manière…)
Hier j’ai quitté Dao, car elle doit reprendre l’université. Elle est transfigurée. Puisse-t-elle continuer de resplendir ainsi. Mais je l’ai prévenue, elle n’a pas été jusqu’au bout de son exorcisation et elle devra rester très vigilante. Un minimum quotidien de chikong et de méditation devrait pouvoir l’aider à gérer le stress des études. Affaire à suivre. En attendant je reste impressionné. Pendant des années après ce drame, Dao pouvait dormir chez elle. Mais les graines de l’horreur et de la frayeur avaient été semées en elle et voilà que tout à coup des fruits inattendus arrivent… et toutes les polices et tous les juges de ce monde ne peuvent rien pour nous!















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